* L’ornementation en musique
Les ornements ont existé de tout temps et dans toutes les musiques ; ils représentent un des modes les plus riches de l’expression spontanée des sentiments qui animent un interprète. Issus de l’imagination créatrice et de la sensibilité, ils s’appliquent en surimpression au discours musical primitif. Bien qu’ils ne soient pas intégrés littéralement à la musique, ils constituent un élément très important qui permet au musicien de faire « vivre » ce qu’il interprète et de le rendre communicable. L’évolution de l’ornementation dans la musique occidentale est féconde en inventions et en changements de style.
D’une certaine façon, la notion elle-même d’ornementation change profondément de sens selon les époques. Pourtant, au travers d’un champ historique mouvant, une constante se dégage : l’ornementation, envisagée dans toutes ses formes, est le caractère principal de la liberté d’interprétation de la musique. L’expression musicale est toujours liée indissolublement à la subjectivité de l’interprète, qui pour se transmettre exige précisément la liberté d’interprétation. La musique occidentale ne diffère pas sur ce plan des musiques des autres civilisations. Tels les subtils rāgas indiens qui développent un thème au moyen de variations dans une atmosphère émotionnelle que la combinaison des ornements et des agréments modifie sans cesse. De même les atābās arabes, qui sont de longs poèmes chantés et entrecoupés de savantes vocalises mélismatiques. En général, toutes les musiques folkloriques possèdent leurs ornements, qui sont autant de moyens nécessaires à la communication de la musique elle-même.