Le monument aux morts de Vivonne

Le monument aux morts de Vivonne

Monument: mot  du latin « momentum »

et du verbe « monere »

ensemble il signifie « se remémorer »

 

Un peu d’histoire …..

Le premier monument portant les noms de combattants morts pour la  France, date de 1782-1784 à Nancy et rend hommage à ses « Enfants » lors de la guerre d’Indépendance des Etats-Unis.

L’arrêté consulaire du 29 ventôse an VII (20 mars 1800) par la volonté de Napoléon Bonaparte, ordonne l’élévation de colonnes départementales et l’inscription de tous les soldats morts sur le champ de bataille, domiciliés dans les départements. La construction en 1806 de l’Arc de Triomphe au rond point de l’Etoile a été longtemps le plus grand monument «Aux Morts pour la France» à Paris.

Les monuments érigés pour la Guerre 1870-1871 sont la matrice de ceux qui suivent la Grande Première Guerre Mondiale : 40 millions de morts (militaires et civils)

A l’origine, ces édifices ont pour fonction de rassembler autour du souvenir des soldats disparus sacrifiés pour la victoire de la France. En 1919, la plupart sont de la volonté des citoyens issus de leurs communes et des municipalités qui rendent hommage à «leurs» morts

 

Cette reconnaissance s’est imposée depuis la Première Guerre Mondiale et l’usage d’apposer les noms et prénoms des défunts, s’appuie sur la Loi du 25 octobre 1919. Depuis cette date sont venus s’inscrire les morts de la Deuxième Guerre Mondiale, la Guerre d’Indochine et la Guerre d’Algérie.

1923-1954

Le monument aux morts de Vivonne est inauguré le 24 juin 1923. Une messe de requiem dans l’église prieurale Saint Georges suivie par une commémoration, réunissent Monsieur le maire Antony Majou de la Débutrie et les représentants du conseil municipal, l’Abbé Hilaire Baudoin,  les détachements militaires, les porte-drapeaux des associations patriotiques, les enfants des établissements scolaires de la ville, l’harmonie municipale et beaucoup de familles. La cérémonie commence et dévoile le monument aux morts installé à la pointe de la place du champ de foire et de la grand rue, il est béni par l’Abbé Hilaire Baudoin.

 

Le monument aux morts en pierre locale, est posé sur un socle à quatre degrés, sur le dernier apparaissent des palmes symbole de la mort. La colonne commémorative a la forme d’un obélisque tronqué quadrangulaire, en moitié, au sommet des guirlandes et des décorations militaires en médaillon, surmontée par une croix de guerre. Sur deux côtés, sont inscrits les noms de soldats morts pendant la guerre de 1914-1918 puis viendront se rajouter ceux de la guerre de 1939-1945 et s’il y a lieu de  la guerre d’Indochine 1946-1954 et de la guerre d’Algérie 1954-1962.

 

En façade,  une inscription « Aux Enfants de Vivonne » puis en avant, le Poilu Vainqueur. Il est exécuté par Albert Desoulieres sculpteur, architecte  et entrepreneur à Poitiers. Pour réaliser son buste, il semble s’être fortement inspiré du modèle «le Vainqueur » (buste de poilu dans le drapeau) de Charles-Henri Pourquet, sculpteur.

Le monument aux morts est encerclé par des buis et une grille d’entourage en fer forgé renforce le muret bas, l’ensemble est rehaussé sur une semelle quadrangulaire en pierre accroissant l’effet sacré du lieu.

1954

Dans le cadre du réaménagement du champ de foire, Monsieur le maire François Tillet de Clermont-Tonnerre  et le conseil municipal décident de déplacer le monument aux morts sur la place de l’église.

2018

Dans l’objectif d’une «cure de jouvence» du monument aux morts et du réaménagement des espaces, Monsieur le maire Maurice Ramblière et le conseil municipal confient l’édifice aux ateliers d’Art de bâtir, à l’abri des regards, à Coulombiers. Un nouveau parvis et l’élargissement du lieu donnent une nouvelle perspective  pouvant être appréciés depuis avril 2018, son emplacement actuel.

 

DESCRIPTION DU « POILU VAINQUEUR »

 

Le Poilu Vainqueur a le regard tourné vers le ciel, son bras droit brandit le drapeau français, son visage est jeune, sa moustache bien taillée ….  cette représentation pour la ville de Vivonne est réalisée ainsi volontairement afin d’effacer les souffrances, l’effroi ou la peur. L’histoire ne raconte pas si c’était le vœu du Maire ou celui de l’Architecte ???

Le casque Adrian est devenu à lui seul le casque du Poilu de 1914 pourtant au début de la Première Guerre Mondiale, les Poilus n’avaient pas de casque, suite à une hécatombe et un essai infructueux avec la Cervelière, le casque Adrian du nom de son inventeur, se généralise en 1915.    

 

 

Ce soldat est chaussé de brodequins cloutés recouverts de bandes molletières et vêtu d’une capote fermée par deux rangs de boutons, un gros ceinturon avec les deux cartouchières Erzatz et le baudrier pour la fameuse Rosalie (arme blanche, baïonnette à triple arêtes) , il porte en bandoulière le fusil Lebel, sur son cœur la Croix de Guerre ainsi que la Fourragère sur l’épaule gauche.

Placée au sommet de l’édifice, la Croix de Guerre est une compilation de trois symboles : religieux, militaire et républicain

  • La Croix Pattée à 4 branches et 8 pointes dite de croix de Saint Jean ou de Malte, signe distinctif des ordres hospitaliers (4 évangiles et 8 béatitudes selon Saint Mathieu)
  • Les Deux épées croisées sont le symbole guerrier de l’adoubement et le serment de défendre la Patrie.
  • Le profil de Marianne ( coiffée du bonnet phrygien et cheveux défaits) en médaillon et « République Française » en exergue symbolise la France.

CE QU’IL FAUT DIRE

 

Tous ces monuments aux morts, intégrés dans tous les villages et villes de France, n’attirent plus vraiment l’attention. Pourtant, il y aurait lieu d’en percevoir la symbolique et les messages silencieux qu’ils transmettent, à tout jamais figés dans la pierre, ouverts à tous. Des symboles qui touchent d’abord l’humanité et ensuite  la mémoire nationale.

Tous ces visages sculptés par des artistes, expriment la volonté et la force d’une génération qui a souffert. Les emblèmes et les décorations multiples en font de véritables autels à la gloire de ces héros tous nominés qui endeuillent les familles.Ils sont l’expression d’un respect pour les morts des communes, mais aussi l’ouvrage d’artistes mal connus, dont l’originalité mérite d’être célébrée.

 

PERENISER LA MEMOIRE

 

Toutes les inscriptions portées sur les monuments aux morts se caractérisent par leur uniformité. Souvent les communes pleurent leurs enfants par différentes inscriptions «Morts pour la Patrie», «Morts pour la France». Elles expriment l’attachement et la reconnaissance qui contribuent à jamais à marquer le souvenir, la mémoire collective.

Annette BECKER, « La Grande Guerre, entre mémoire et oubli » Cahiers français, Paris,  juillet-août 2001.

Nouvelle République publication du 30 mars 2018

Grande Encyclopédie Larousse 1977

Liste des maires sur le site de la Mairie de Vivonne

Comprendre les monuments aux morts Franck David 2013

Chantal Queron

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