Une nouvelle vie quotidienne

Une nouvelle vie quotidienne

Les nouvelles obligations

 

Avec l’occupation ce fut aussi le couvre-feu de 21 heures à 7 heures du matin. Il était interdit de circuler pendant ces heures. Par la suite il a été assoupli et ramené de 23 heures 6 heures.

Les personnes qui devaient travailler de nuit devaient demander un laissez-passer (ausweis) auprès de la kommandantur muni d’un certificat du maire et de l’employeur. Durant les premiers jours on invita la population à déposer à la gendarmerie toutes ses armes (fusils de chasse, revolver,…) Toutes ne le furent pas. Cependant, pour éviter les dénonciations il était courant de déposer un vieux fusil. On cachait l’autre, malgré le danger que cela représentait en cas de découverte, en attendant des jours meilleurs. La chasse fut interdite et réservée aux soldats Allemands.

Les restrictions

Les troupes allemandes commencèrent à acheter ce dont elles avaient besoin. Une circulaire du préfet en date du 12 décembre 1940 précise que pour les troupes d’occupation les achats sont effectués par des commissions de réception conformément à la répartition faite par le service de ravitaillement général et les expéditions ont lieu vers le centre d’abattage de Châtellerault. A celui s’ajoutent les centres de Civray, Couhé-Vérac, Lencloitre, Loudun, Lusignan, Mirebeau, Poitiers et Vivonne. On forme donc, à Vivonne une commission qui contrôla un large secteur. Il s’étendait jusqu’à Saint-Secondin, bourg proche de la ligne de démarcation (ce qui facilita le passage de certaines personnes en zone libre). Ses membres se rendaient dans les fermes pour réquisitionner boeufs, porcs, grains et fourrages.

Les occupants tuent le cochon

Ils assuraient d’abord les besoins allemands puis ceux du reste de la population (le département mais aussi les grandes agglomérations, en particulier la région parisienne). Face à l’augmentation de la demande allemande (ravitaillement de l’Allemagne) il sera de plus en plus difficile de répondre à tous les besoins. Nous allons connaître alors les restrictions sur des denrées de première nécessité, la viande, le beurre, le fromage, le pain…

La surveillance de la ligne téléphonique

 Jusqu’ici pour notre commune pas trop d’ennuis. Dans la région de Gençay une ligne téléphonique avait été coupée et les occupants commencent à lancer des menaces si les auteurs de tels faits ne sont pas retrouvés. Un jour la ligne téléphonique de Vivonne à Voulon fut elle aussi coupée sur le territoire de la commune. En représailles une garde de cette ligne fut obligatoire et effectuée par tous les hommes de la commune y compris ceux qui marchaient difficilement mais qui pouvaient faire un chef de poste. A cette occasion les services municipaux dressèrent une liste de tous les hommes

Nous avons donc assuré cette garde de jour et de nuit. Nous partions à deux hommes du poste de garde qui se trouvait dans l’entrée de la mairie et allions à pieds jusqu’après Nouzière, à la route de Voulon pour revenir ensuite vers Vivonne. En cas d’attaque nous n’avions qu’un bâton.

Cette garde n’a duré que deux ou trois jours. C’est pourquoi nous observons que sur la liste dressée par la mairie, des équipes de garde n’ont_pas été convoquées.

Le travail en Allemagne, la défense passive, la récupération

C’est en 1941 que la propagande allemande, appuyée par le gouvernement de Vichy va commencer par voie d’affiches et de tracts à nous engager à aller travailler en Allemagne ce qui dewit permettre le retour de certains prisonniers, comme veut le faire croire le texte des affiches : « Vous avez la clef des camps (voir document n° 20)», « Français, l’Allemagne vous offre du travail, en plus un bon accueil, un gain immédiat »… Malgré toutes ces avances il y aura peu de départs, certains croyant en la parole de l’occupant et pensant faire libérer un parent prisonnier. Au début de l’année, par ordonnance, la feldkommandantur nous demanda d’appliquer toutes les prescriptions de la défense passive, en particulier le camouflage des lumières sous peine de mesure rigoureuse. Pendant l’été on demande aux enfants des écoles d’aller dans les champs de pomme de terre pour aller ramasser les doryphores. Au mois d’août les métaux non-ferreux (cuivre, zinc, plomb) entrant dans la composition des alliages indispensables à l’industrie se faisant très rares le gouvernement de Vichy et les autorités d’occupation créent dans chaque commune un syndic chargé de collecter tous ces métaux et de les porter dans un centre de triage au chef-lieu de canton, puis le centre de rassemblement de Poitiers.

Dans un premier temps on fit appel aux volontaires. Mais il ne fut pas véritablement entendu et la loi du 11 octobre 1941 piéta cette demande en stipulant l’enlèvement des monuments en alliage cuivreux élevés dans les lieux publics. L’application de celle-ci se heurte à la résistance et au mauvais vouloir des maires et la collecte fut, elle aussi très maigre. De la même façon, les autorités Allemandes voulant, pour couvrir leur besoin en plomb et en cuivre, saisir les cloches des églises en territoire occupé, Vichy dut s’engager à fournir la quantité de métal demandée.