Henri Pétonnet à Dachau
Selon le livre de Pierre Suire cité par Jacques Roussel
« Trop âgé, j’ai 69 ans et trop fatigué, je ne me suis jamais occupé directement de groupes de résistance. Ce n’est donc pas cela que l’on peut me reprocher » dit Henri Pétonnet. Les détenus quittent la Pierre Levée de Poitiers le 22 juin. Pierre Suire retrouve Pétonnet le 10 septembre à Dachau : « Nous avions difficulté à reconnaître notre compagnon de la cellule 37. La barbe et la moustache étaient rasées, selon le règlement et le costume était celui du clochard dans les tonalités vert et marron. Le moral était bas. »
Les deux hommes purent se voir plusieurs dimanches de suite. Cependant le 8 décembre, Pierre Suire désirant rencontrer Pétonnet qu’il n’a pu revoir en novembre apprend que celui-ci est mort. Un des voisins de chambre de ce dernier — ils occupaient la cham-bre 4 du bloc. 30 — lui précise les circonstances de son décès : « Fin novembre, M. Pétonnet était allongé un matin au deuxième étage, la tête vers l’allée. Un Stubedienst, c’est-à-dire un prisonnier chargé de nettoyage, descend de l’étage situé au-dessus. Il heurte de son pied la tête de Pétonnet. Celui-ci, qui avait gardé sa voix brève et autoritaire, le prie de faire attention ; l’autre, un Russe, ne comprenant dans la remarque que le ton de reproche, se précipite sur notre ami et le frappe à la tête. Pétonnet se lève, arrive à descendre dans l’allée ; le Russe se jette sur lui, le terrasse, le fait rouler à terre, lui piétine la tête et s’en va. M. Pétonnet trouve la force de se relever et d’aller déposer plainte auprès du chef de bloc étranger. M. Pétonnet va s’allonger. Toute la journée, il est très fatigué. Déjà affaibli par le froid et la faim, il ne se remet pas. Le lendemain, aucune amélioration. Le ter décembre au matin, à sept heures, chaque prisonnier doit aller à la douche et au contrôle des poux. Notre ami veut s’y rendre pour éviter d’être brimé. Son voisin lui donne le conseil de rester avec lui. La salle se vide. Seuls, nos deux français sont là. M. Pétonnet se retourne, veut soulever sa tête pour replacer correctement sa gamelle en guise d’oreiller, il s’agrippe à un montant de bois, il le lâche, sa tête retombe lourdement. M.. Pétonnet est mort. Le Stubedienst sera relevé de ses fonctions pendant quelques jours, puis il sera réintégré avec sa soupe supplémentaire.