L’après bombardement

L’après bombardement

 

Après ce terrible événement la population vit dans l’angoisse : Plus de nouvelles, de journaux, d’information. Quelques Vivonnois se réfugient en campagne, craignant les bombardements. D’autres en plus grand nombre rejoignent la nuit suivante les abris qui nous avaient été assignés, dès le début des hostilités. Ainsi pour la partie basse de la grand-rue où nous habitions, c’était la cave voûtée de la maison Guillet (actuelle maison Bordier). Nous étions une quinzaine de personnes dont la famille Gautreau. Monsieur Gautreau continua à assurer sa charge durant la nuit. Sortie une première fois vers 11 heures et il fut prié de rentrer dans les abris par un officier qui croyait le pays était évacué.

Quelques heures plus tard, il fit une autre sortie plus fructueuse. Il est allé jusqu’à la poste, rue de la gare (actuelle avenue Henri Pétonnet ) et là il vit de chaque côté de la rue des chenillettes en position, les armes pointées en direction de la gare et il entendit un des officiers dire à ses hommes : « vous tirerez en direction de Moncontour ».

Nous n’avons jamais pu savoir où étaient postés les artilleurs. Les paroles de Monsieur Gautreau augmentèrent nos inquiétudes : nous nous attendions à chaque instant à entendre le bruit du canon. Heureusement il n’en fut rien et au petit jour nous regagnâmes nos maisons pour essayer de reprendre une vie normale. Nous nous rendions compte que nous étions en première ligne, la région étant occupée par un nombre encore important d’éléments de notre armée.

En nous promenant, quelques journées plus tard, sur la route d’Iteuil, nous avons découvert dans un champ à l’est du dernier virage avant la Planche un char léger encore en position, le petit canon tourné vers Poitiers.

 

Nous en avons pris possession, manoeuvré la tourelle en direction de Vivonne pour faire une photo souvenir.

Dans les jours suivants, la commune enterra les morts par des cérémonies simples car nous vivions dans la peur des jours à venir, attendant avec anxiété l’arrivée des troupes allemandes, surtout nous les jeunes de 20 ans, ne sachant pas si nous devions partir devant la troupe ennemie.

 La gendarmerie nous conseilla de rester car il y avait déjà assez de personnes sans logement dans le sud de la France. Ce n’est que le 26 Juin que nous allions voir défiler les troupes ennemies. Les Vivonnois se montrent peu, écrasés par la défaite. Cependant l’armistice procurera un soulagement après toutes ces journées d’angoisse.

Nous croyons qu’une partie importante des soldats français a rejoint l’Afrique du Nord pour continuer les hostilités. Nous apprendrons plus tard l’appel du Général De Gaulle qui va nous faire espérer une revanche que nous croyons proche ? Les troupes allemandes descendent vers le Sud en direction de la frontière espagnole.