Témoignages 7

Témoignages 7

Ginette LUCQIAUD

HISTOIRE DU QUARTIER BELLEVUE

Au début de l’avenue de Bellevue, existait déjà la maison, actuellement occupée par le Docteur Jean-Pierre BAILLARGEAT, qui appartenait lorsque nous sommes arrivés à Vivonne (parents et 5 enfants 4 garçons et une fille) à la Famille Hénault et Artasse. Puis trois fermes, sur toute la partie gauche, occupaient successivement les espaces jusqu’en haut où se trouvent les écoles actuellement . La ferme Rageau, la ferme Pasquet et la nôtre la ferme Failloux.

C’est dans cet espace que les Allemands avaient déposé l’artillerie lourde et le canon mitrailleur.

HISTOIRE DES JEUNES FILLES AU PRE FUYANT DES AGRESSEURS

Nous étions plusieurs jeunes filles emmenant les vaches à paître dans les prés bordant le Clain, nous tricotions et papotions une fois installées dans un bon endroit ; un jour deux soldats, petits et les yeux bridés habillés d’uniformes disparates avec des insignes allemandes, nous ont agressées ; la plus courageuse les a affrontés tout en nous disant « Fuyez,  allez vous réfugier chez Thubert » nous avons couru jusqu’au garde barrière, suivies par notre amie et les deux soldats. Mr Thubert nous a cachées et s’est barricadé. Heureusement un témoin ayant vu la scène de loin, avait couru prévenir les parents les plus proches puis la Kommandantur ; la population arrivait rapidement avec des fourches mais les soldats motorisés sont arrivés avant pour les maîtriser. Vite ramenés, ils ont été fusillés.  Nous les appelions les mongols à cause de leurs yeux bridés et j’ai appris plus tard qu’ils étaient probablement japonais

HISTOIRE DE LA FUITE RATEE A GOUPILLON

Les nouvelles menaçantes arrivant, mon père a décidé de m’envoyer avec la voisine du Verger, plusieurs jeunes enfants et jeunes filles, à Goupillon afin de nous cacher dans la ferme Oble et la grande maison des Bracaval. Quelques heures avant,  Mr Oble avait vu arrivé des FFI qui souhaitaient se cacher, nous attendant il a préféré refuser. Nous étions à peine installés que les Allemands survenaient à la surprise de tous. Violemment interrogés et nous soupçonnant tous d’héberger les FFI, ils ont emmené un jeune enfant derrière une grange où nous entendions des cris puis deux claquements de pistolet. Nous étions terrifiés mais personne pouvant dire où se trouvait la cache, ils ont à nouveau saisi un deuxième enfant, cris et deux claquements. L’interrogatoire donnait toujours la même réponse. Ils nous ont libérés et nous sommes tous repartis à Vivonne. Les deux enfants ont été remis à leurs parents le soir même, ce n’était qu’une mise en scène. 

HISTOIRE D’UN SOLDAT ALLEMAND

 

J’étais sur le pas de la porte de la ferme et un soldat allemand m’a fait signe de m’approcher, effrayée j’ai reculé. Mon père, voyant la scène, m’a emmenée vers lui, il m’a prise dans ses bras en pleurant puis fouillant dans son portefeuille, il m’a fait voir la photo de ses enfants avec une petite fille de mon âge. Mon père m’a dit plus tard : « Ils ne sont pas tous pour cette guerre ».

Témoignage recueilli par Chantal QUERON février 202

Jean-Claude Trouvé

A la fin de la guerre 39/45, j’avais 4 ans et demi et un fait a marqué ma mémoire. Sur la Nationale 10, était stationné des deux côtés de la route, un groupe de 2 000 Hindoux. Ils étaient à bicyclette et tout à coup 2 Indiens frappent à notre porte située à Saint Aubin, j’étais avec mon frère plus âgé que moi, nous étions seuls et ces 2 Indiens voulaient du lait d’ânesse. Pétrifiés, ils n’ont pas insisté. Ces Indiens ont été enrôlés dans l’armée allemande sur ordre de Gandhi. Ils remontaient de Bordeaux où ils étaient cantonnés. Témoignage recueilli par Jean Roussel