Le relais de poste, 99 de la Grand Rue

Le relais de poste, 99 de la Grand Rue

.Jusqu’à l’avènement du chemin de fer au milieu du XIXe siècle, le cheval au galop fût le moyen le plus rapide de se déplacer et de transmettre des informations .
Louis XI pour des besoins d’information va créer la poste royale fonctionnant sur le même principe que son ancêtre le cursus publicus : des messagers à cheval (appelés chevaucheurs)galopent de relais en relais- environ tous les 15 km- où ils changent de monture afin de poursuivre leur route sans ralentir.
Le dispositif, qu’on appelle la « poste aux chevaux » est mis en place vers 1476.On trouve trace du relais de Poste de Vivonne en 1480. Le parcours de la malle poste arrive par la rue de Paris venant de Poitiers jusqu’au carrefour des forges(actuel carrefour de la Grand rue et de la rue de Paris), s’arrête au relais de poste, change de chevaux puis descend jusqu’à l’église des Carmes (disparue, derrière l’actuel couvent des Carmes), descendait la rue des Carmes et prenait la direction de Bordeaux après avoir traverser la Vonne.
Ce service exclusivement réservé au Roi, ne sera ouvert au public qu’au début du XVIe siècle, sur décision de François 1er. Ces relais de poste tenus par des « maîtres de poste » généralement aubergistes ou fermiers importants qui détiennent un certain nombre de chevaux (une « cavalerie ») mis à la disposition du système en échange d’une rétribution et de quelques privilèges. Les relais sont donc en général composés d’un logis, d’un point d’eau, d’une forge, d’écuries et de granges. L’emplacement du 99 de la Grand Rue est conforme à ce schéma avec les forges au carrefour puis le bâtiment principal (actuel bâtiment au centre de la cour), les écuries (actuelle médiathèque) puis les granges (intersection de la rue Henri IV et rue du Cadran. La maison du » maître de Poste » se trouve au 52 de la Grand Rue.

.Le postillon, employé de ferme, doit obéissance au maître de poste. Son rôle est de conduire les voyageurs de son relais au relais suivant, et de revenir à vide et au pas à son relais d’appartenance avec le cheval prêté. Le nombre de postillon varie selon la taille des relais. Il faut un postillon pour 4 ou 5 chevaux.Reconnaissable à son uniforme obligatoire- chapeau à large bord, pantalon de peau, gilet rouge, veste bleu roi (sous l’ancien régime) et vert Empire (sous Napoléon) ce personnage a marqué l’imagerie populaire.Ses bottes faisaient l’étonnement des étrangers.Hautes de 50 cm, armées de fer et de cuir rigide, elles pesaient environ 3kg chacune. Il ne marchait pas avec car elles étaient fixées à la selle du cheval. Ces impressionnantes bottes ont probablement inspiré les « bottes de sept lieues » de Charles Perrault.

 Nombreux sont ceux qui empruntent les relais de poste : la poste à chevaux offre ses services aux particuliers ainsi qu’aux « messageries ».En 1793, la brouette est remplacée par une voiture plus grande, la malle-poste qui accueille désormais des passagers à son bord. Elle parcourt de 10 à 12km par heure. D’aspect rustique, la malle-poste est passée à la postérité sous le nom de « panier à salade » ce qui en dit long sur son inconfort. Autre véhicule « star » de la route : la diligence utilisée pour le transport des voyageurs depuis la fin du XVIIIe.Le transport des lettres et des voyageurs n’est pas sans risque. Que ce soit à cause des intempéries, du mauvais état de la route, de problèmes liés aux voitures ou encore du brigandage, la route représente un danger de tous les instants. Il est recommandé au voyageur d’emporter avec lui des armes défensives pour parer aux mauvaises rencontres, voire de signer son testament avant de partir ! 

Attaques des diligences 
En effet dans la nuit du 8 au 9 Brumaire an VI (8 Novembre 1797), le courrier fut arrêté entre Vivonne et les Minières (probablement dans la côte des Brandes) par 3 inconnus qui saisirent son cheval à la bride, l’un d’eux lui mit, le pistolet sur la gorge ; les 2 autres s’emparèrent des valeurs qu’il transportait : trente louis d’or de France, quatre quadruples d’Espagne, soixante douze livres en écus, et trois montres en argent. Ils s’emparèrent aussi d’un porte manteau contenant des vêtements et des papiers. D’après le procès-verbal des gendarmes, et la déposition du courrier, les administrateurs de Vivonne avertirent aussitôt le commissaire du Directoire exécutif et insistèrent sur le fait que le courrier portait une dépêche annonçant à la cour d’Espagne comment la paix entre la République française et l’Empereur venait d’être conclue, ils ajoutaient que l’audace des brigands allait grandissant et que la nécessité d’établir une brigade à Vivonne s’imposait plus que jamais. 
Ce fut encore dans la nuit du 23 au 24 Vendémiaire an VIII (23 Octobre 1999) qu’entre Vivonne et Croutelle, la diligence de Bordeaux à Paris fut arrêtée par quatorze ou quinze brigands, qui s’emparèrent de dix mille francs réputés appartenir à la République. Décidément peu de différence avec notre époque ! 
(1) Mémoires des Antiquaires de l’Ouest. La gendarmerie devait s’installer dans les locaux de l’ancienne mairie. 

Au delà de l’histoire postale, l’organisation de la poste aux chevaux permet de retracer l’histoire du voyage à l’époque moderne.
En 1873, on fermera les postes aux chevaux.
Le 1er maire de Vivonne, qui était maître de poste,est nommé par le Préfet de La Vienne, le 14 Janvier 1790 et s’appelait : Jean André DOUSSET.

Un bureau de poste pour la distribution de missives a été créé à Vivonne par l’augmentation de la population. Un des premiers bureaux se trouvait dans la Grand Rue à l’intersection de la Grand Rue et la rue du Château. Le nombre d’habitants en progression nécessitait une extension et le bureau se situa au carrefour de la rue de la mairie et de l’avenue Bourumeau. En raison du nombre croissant d’accidents dûs à la circulation des poids lourds sur l’axe Bordeaux Paris, la municipalité décida de construire un bureau de poste dans l’avenue Pétonnet, bureau qui fut inauguré par M.Roussel en 1957. Le nombre important de facteurs ayant augmenté d’une manière significative en rattachant Marçay et Marigny Chemereau à la distribution du courrier, il fut donc décidé de migrer vers le couvent des Carmes qui fût successivement une gendarmerie et une école avant d’être un bureau de poste.

A gauche, l'ancienne poste

Lexique
Aller en poste : aller au galop
Bidet : cheval de petite taille et particulièrement robuste
Brouette : charrette utilisée pour transporter les correspondances, au XVIIIe siècle.

Diligence: la diligence est d’abord une allure. Le mot a fini par désigner un véhicule de messagerie qui transporte les voyageurs à grande vitesse.

Malle-poste: véhicule à cheval de la poste aux lettres.

Postillon: employé qui a pour fonction de conduire des voyageurs et les courriers au relais suivant.

Maître de poste: titulaire du relais, il jouit du droit exclusif de conduite en poste en vertu d’un brevet.

Crédit photos: C.Bétin, J-P Chabanne, R.Roux

Gravures: Musée de La Poste