L’église Saint Georges

L’église Saint Georges

Des origines à nos jours
La légende locale veut que le cheval blanc de Saint Georges ou Georges de Cappadoce, après avoir fait un bond prodigieux par delà le Clain, laissa l’empreinte de son sabot dans la pierre à l’endroit même où fût édifiée l’église à laquelle il donna son nom.
En réalité, on ne connaît pas la date de fondation de cette église. Des chartes d’abbaye comme Saint Cyprien ou Nouaillé donnent quelques jalons pour attester de son existence dès le XIe siècle. La date de 1095 peut-être reculée puisque entre 1060 et 1078, Hugues, viguier du château de Vivonne, ainsi que d’autres personnages signent une charte en l’église Saint Michel (église du château, aujourd’hui disparue)puis en l’église Saint Georges.
On sait que l’on travaillait à sa reconstruction en 1264 grâce aux dons de Jeanne Marchande.
L’édifice eu sans doute à souffrir de la guerre de Cent ans, ce qui expliquerait la reconstruction, au XVe siècle, des deux croisées d’ogives de la nef qui portent les armes des Rochechouart. On remarque aussi différentes réparations dont celle qu’évoque une inscription en façade qui rappelle les travaux exécutés par l’entrepreneur Jacques Sichère en 1744.

Classée Monument historique

L’église, qui est classée Monument historique depuis 1912, a été encore profondément retouchée à la fin du XIXe et au début du XX e. Outre la partie supérieure du clocher qui fut refaite, les sommets des murs ont reçu une corniche neuve, et les pignons ouest et nord, ainsi que le sommet de la tourelle d’escalier, furent entièrement repris.
L’édifice, long de quarante mètres et large de vingt-sept au transept, comprend une nef de deux travées, un transept saillant en plan, dont le croisillon sud, beaucoup moins profond, porte le clocher, et un choeur assez court terminé par un chevet à trois pans.
La nef appartient manifestement à une première campagne. On y accède par une façade fort sobre d’allure encore romane. Le portail est à quatre voussures nues entiers-point(1). Les trois premières ont l’arête adoucie par un tore(2) ; la dernière, par une ligne de bâtons brisés. Les piedroits sont à colonnettes portant des chapiteaux de feuillage et volutes d’angles. Au-dessus, est percée une fenêtre à colonnettes.

 

Evolution du bâti

Divisée en deux travées légèrement barlongues, cette nef est couverte de croisées d’ogives sans lierne, reprises au XV e. Celles qui reçoivent les ogives ont des chapiteaux implantés à 45°.Les chapiteaux sont ornés de palmettes. Toutes les baies de cette nef sont étroites et dépourvues de colonnettes.
De profonds changements apparaissent dans le transept. Le plus manifeste étant le relèvement du niveau d’imposte d’environ 80 cm qui provoque une rupture assez disgracieuse que l’on a tenté de dissimuler. Les chapiteaux des colonnes engagées s’ornent maintenant de longs crochets gothiques s’achevant en volutes ou en boules, ou bien en feuillages variés. Les bases de la croisée et du croisillon nord présentent des scoties(3) profondément creusées qui tendent à se refermer. L’existence d’un trou à cloches au milieu de la voûte du croisillon nord et la présence de l’escalier de ce côté montrent qu’à une certaine période le clocher devait être construit du côté nord, mais faute de fonds nécessaires , il fût abandonné. On a donc opté plus tard pour le transept sud, beaucoup moins profond , dans le but de réduire la surface de la tour et par là la dépense.
Le choeur enfin semble avoir été élevé en dernier lieu.Si ses bases, dissimulées par des boiseries, ne peuvent être observées, on remarque la finesse de colonnettes et des nervures de la voûte, ainsi que la largeur des baies.
Il est donc évident que le chantier de l’église de Vivonne a progressé d’ouest en est. On assignera à la nef, compte tenu de son caractère, une date proche du début du XIII e siècle. Les traditions romanes s’y encore nettement sentir, en particulier dans le dessin de la façade et dans la parcimonie des ouvertures. On ne peut plus guère juger des voûtes, puisqu’elles ont été relancées à la fin du Moyen-Âge.
Dans le transept, l’évolution de la mouluration conduit à proposer une date plus avancée dans le siècle. Cependant, les baies restent étroites et sévères. La voûte à huit nervures trahit l’influence angevine.
Le croisillon sud et le choeur se situent au terme de cette évolution. Les ouvertures s’élargissent et se garnissent de remplages. Nervures et colonnettes tendent à devenir filiformes comme dans phase ultime de l’art angevin. Le bombement considérable de la voûte de l’abside montre bien l’influence de celui-ci. La date de 1264 ,que fournissent les textes, trahit un attachement à des formes ailleurs dépassées.

Le mobilier

Le tabernacle, de l’époque Louis XVI, est exceptionnel par sa structure et l’ampleur de son dais. Il provient de l’ancienne chapelle des Carmes et a été classé monument historique en 1960. Le tabernacle reprend sur sa porte, l’iconographie gravée dans le marbre de l’ancien autel majeur, à savoir l’Agneau couché sur le livre aux sept sceaux. (Apocalypse chap 5)
Les boiseries du choeur sont de 1807.
Dans le bras nord, partie la plus ancienne de l’église, on remarque un enfeu du XV e siècle (tombeau réservé dans le mur), et une statue de la Vierge à l’enfant de la fin du XVII e ou début du XVIII e.
Dans le bras sud on peut voir un tableau figurant le Christ tenant la croix de sa main gauche, ainsi qu’une immense croix de mission ornée de cœurs datant probablement de la Restauration (la révolution de 1830 ayant conduit à placer dans les églises des grandes croix de chemins de ce genre)
Le mur nord du choeur offre un tableau votif représentant le Christ crucifié adoré par la donatrice, Antoinette Moriceau, et son mari. Ce tableau a été classé monument historique en 1917 et restauré en 1986.

 

Les vitraux

Le vitrail de la façade, représentant St Paul, vient de l’atelier Fournier de Tours en 1879.
Les vitraux de la nef (1931) portent des médaillons à caractère eucharistique : calice et pélican, au nord, épis et agneau, au sud. Ils sont dus au maître-verrier angevin Desjardins. Les baies du bras nord sont consacrées à l’institution du Rosaire (St Dominique reçoit un rosaire des mains de la Vierge Marie) et aussi à la Vierge à l’Enfant.
Dans le sanctuaire, le vitrail du mur nord retrace la légende du passage du gué d’une rivière par le Roi Clovis, guidé par une biche, lors de la campagne contre les Wisigoths ( A noter, l’existence d’un passage du Clain au sud de Vivonne dit du «  Gué de la Biche »).
Le vitrail central représente St Georges terrassant le dragon.
Sur la droite un vitrail représente une Crucifixion, sous le regard du père et du Saint-Esprit, plantée dans un champ de bataille de la première guerre mondiale.
Ces vitraux proviennent de l’atelier Fournier de Tours vers 1921.
Le dernier vitrail du choeur, au mur sud, est consacré à St Joseph, charpentier, et provient des ateliers Desjardins.

Les peintures murales

Des travaux réalisés à l’intérieur de l’église entre 2000 et 2006 ont révélés des peintures murales.

On peut ainsi admirer, au sommet de la voûte du choeur, une peinture, en diverses teintes d’ocre, de jaune et rouge, datant de la fin du 15ème siècle et représentant un Christ en gloire de grande taille, les bras levés, portant les traces des plaies de la crucifixion. Il est assis sur un trône bordé par un arc-en-ciel. Sa tête, auréolée, est encadrée par deux anges sonnant la trompette.
Sur le mur gauche du choeur, les travaux ont permis de dégager l’inscription suivant » l’an mil CCCC IIIxx et IX (1489) Jehan Petit blanchit les voûtes tout à neuf m.s.p. ».
On y joindra une inscription haut placée au mur ouest du bras sud du transept : « Entre. Vous qui ceci/regardés/pour Dieu priés/pour les trespassés »
Dans le choeur apparaissent entre les vitraux la tête d’un évêque, la tête d’un Roi (St Louis?)
Dans le bras nord du transept, des peintures correspondant à trois périodes allant du 13ème au 17ème siècle. Dans les ébrasements et l’encadrement des baies, on voit des oiseaux, dont une chouette enserrant une souris, visée par un archer, des lézards, des aigles, des personnagesqi pourraient être Caïn et Abel, un prophète….
Au dessus de l’enfeu du bras nord ont été dégagés un vieillard et une frise de motifs floraux.
D’une litre funéraire, qui devait décorer toute l’église, restent visibles deux blasons aux armes de Louis Marie Joseph Frotier, comte de la Coste Messelière, seigneur de Vivonne, et de son épouse Eléonore de Reclesne (entre 1758 et 1778).

Photos et texte  Jean  GARCIA

(1)courbe en entier se terminant par une colonne

(2)moulure ronde, demi-cylindrique

(3)moulure ronde en creux bordée de 2 filets plats

Les commentaires sont clos.