Invités par la mairie, comme toutes les personnes disponibles, nous nous rendons à la gare à l’heure prévue de leur arrivée. Je revois encore ces wagons à bestiaux ou ils étaient installés. Partis depuis bien longtemps de chez eux et ballottés de train en train, de gare en gare, avec leur baluchon, leurs valises pleines attachées avec des ficelles, les draps et des couvertures nouées aux quatre coins, le peu qu’ils ont eu le droit d’emporter, laissant à l’abandon leur maison avec tous leurs meubles, après avoir fait sortir des étables leurs animaux… nous les aidons à descendre du train et nous veillons à ce que chacun retrouve son précieux bien. Emmenés à l’hôtel de la Boule d’or où la municipalité leur fait servir des boissons chaudes puis dans leur famille d’accueil ou dans les locaux qui leur étaient destinés. Dans les jours précédents leur arrivée la commune avait lancé un appel pour prêter ou donner des lits, des matelas des couvertures, de la vaisselle, des meubles, cuisinières et logement pour vivre décemment. Ainsi nous avons accueilli à Vivonne une partie des habitants de Porcelette, commune proche de St Avold à quelques kilomètres de la frontière allemande. Elle est logée tant bien que mal dans les baraquements installés à l’emplacement actuel du groupe scolaire ou chez l’habitant.
Les deux communes vécurent ensemble jusqu’à la mi-septembre, date à laquelle ils durent rejoindre la Lorraine, comme leur ordonnait l’occupant. Cependant certains décidèrent de rester chez nous comme les deux instituteurs monsieur et madame Smith et leurs deux fils. Les classes et les offices religieux leur sont particuliers. Monsieur Robert Schuman futur ministre et chef de gouvernement vient leur rendre visite à Vivonne. Mai 1940 c’est l’arrivée de nouveaux réfugiés dans le plus grand désordre. Ils fuient, comme ils peuvent l’invasion et les bombardements.